1882
Lettres
d'oiseaux |
Le
Perroquet
Aimable Raoul,
nous connaissons un garçon qui raffole des perroquets au point de les
préférer à son prochain.
Quand il se
promène, il se dirige machinalement vers le jardin d'Acclimatation,
et s'arrête à la volière des perroquets.
Il ne cesse de
relire le poème de Vert-Vert
(
1), les trente-cinq
contes d'un perroquet (
2)
traduits de l'arabe par Marie d'Heures; enfin tous les ouvrages qui
traitent des perroquets.
Il est chauve.
Des plaisants expliquent sa calvitie prématurée en affirmant qu'il
s'est arraché les cheveux de désespoir pour n'avoir pu trouver un
roman historique de l'allemand Varnhagen
d'Ense, intitulé Les étoiles et les perroquets (
3).
A force de
mettre son nez dans les livres, il lui a pris l'envie d'en écrire.
Son premier volume est dédié à un perroquet. Son second renferme un
conte, dont les perroquets sont les héros. Nous tenons de bonne
source que dans son troisième volume, auquel il travaille, les
perroquets ne seront pas oubliés.
Il possède
deux perroquets. L'un s'appelle Azur, l'autre Caquet.
Ara bleu et
jaune, Azur parle fort agréablement: mérite rare chez ses pareils.
En outre son intelligence et sa douceur n'ont pas d'égales; aussi
est-il l'enfant gâté du logis.
Amazone à
bandeau bleu, Caquet rendrait jaloux les avocats, en face desquels il
daignerait pérorer. Mais, doué d'un caractère irascible, il se sert
autant de son bec que de sa langue.
Un jour,
rougissant de leur oisiveté, Azur et Caquet s'approprièrent une
feuille de papier blanc, et la couvrirent d'encre. Accepte, Raoul, le
fruit de leur collaboration.
Il semble que
le destin, en introduisant dans la société les perruches longtemps
avant les perroquets, ait voulu préparer les hommes à la surprise
que devaient leur causer ces derniers.
De l'île de
Taprobane (aujourd'hui Ceylan) Onésicrite, commandant des trirèmes
d'Alexandre le Grand, amena en Grèce des perruches vertes à collier
rouge. C'était la première fois que des volatiles de ce genre se
montraient aux Européens. Leur nom indien psittace fut adopté
par les Grecs, qui y joignirent l'épithète d'anthropoglotlos
(langue humaine).
De Grèce, les
perruches passèrent rapidement en Italie, où psittace devint psittacus.
Elles eurent des
professeurs, qui punissaient les élèves rebelles en les frappant sur
la tête avec une baguette de fer ( 4).
A son entrée triomphale dans Rome après la victoire d'Actium, qui
lui donnait la couronne, Auguste entendit six perruches qui criaient:
« Vive Auguste, empereur! »
En dépit de
la politique elles ne négligeaient pas les arts. Les
poètes les célébraient.
5 Les
peintres reproduisaient leurs traits: une
fresque, trouvée à Herculanum en 1745, représente une perruche
attelée à un char, que dirige une sauterelle. ( 6.
Au moyen âge,
elles furent un peu délaissées. Cependant les croisés en
rapportèrent quelques unes, dont le nom arabe babbaga fit papegaut.
Quand
l'empereur d'Orient Basile, ajoutant foi à des colomnies, eut
emprisonné son fils Léon, des amis du jeune prince instruisirent son
papegaut à dire: «Pauvre Léon! »
Puis, ils le placèrent dans la
chambre de l'empereur. A la voix de l'oiseau, Basile fondit en larmes,
et rendit la liberté à son fils. ( 7. )
En 1415, le
Portugais Giles Nunez (ou Gilianez) se mit à explorer les côtes
occidentales de l'Afrique; et les perroquets gris à queue rouge
détrônèrent les perruches. ( 8)
Les nouveaux
venus reçurent les noms qu'ils savaient le mieux prononcer: perrot
(petit-Pierre) et jacquot (petit-Jacques.)
Perroquet,
diminutif de perrot, s'étendit sur l'espèce entière, tandis que
jacquot servit à désigner exclusivement la variété grise. Certains
naturalistes, se refusant par un amour-propre mal placé de donner à
des bêtes des prénoms d'homme, modifièrent, l'orthographe de jacquot,
et l'écrivirent: jaco.
Un siècle ne
s'était pas écoulé, que Christophe Colomb trouvait chez les
sauvages de l'Amérique des amazones et des aras apprivoisés. ( 9)
Les amazones
prennent leur nom du fleuve dont ils peuplent les rives. Le vert
domine dans leur plumage. Un chaperon jaune couvre la tête des uns;
un bandeau bleu ceint le front des autres.
Les aras, dont
le cri a formé le nom, sont les plus grands de tous les perroquets.
Ils portent une livrée, tantôt bleue et jaune (ara rauna), tantôt
rouge (aras macao et canga), tantôt verte (ara militaire), tantôt
bleue foncée (aras hyacinthe et maximilien). Ils sont armés d'un bec
puissant et parés d'une queue très longue. Hormis les hyacinthes et
les maximiliens, les aras n'ont pas de plumes sur les joues.
Cher ami, nous
t'entendons souvent dire:
« Si je
pouvais me métamorphoser en animal, je me ferais oiseau. Si je
pouvais me métamorphoser en oiseau, je me ferais perroquet. Si je
pouvais me métamorphoser en perroquet, je me ferais ara. »
Paroles qui
humilient un peu Caquet, mais qui flattent beaucoup Azur.
En 1511, la
découverte des îles Moluques par les Portugais eut comme résultat
de révéler à l'Europe l'existence de perroquets huppés. (
10) On les nomma cacatous, kakatoès, catakois et cacatois,
onomatopées qui traduisaient leur cri. Jugeant qu'un habit d'une
blancheur éclatante et qu'un caractère affable suffisaient pour
plaire, les cacatois ne cherchèrent pas dans l'éloquence des moyens
de séduction.
Donc, au
seizième siècle, les quatre variétés principales de perroquet
étaient connues. L'Afrique, l'Océanie et l'Amérique du sud en
fournirent bien d'autres. Nous en occuper serait empiéter sur les
fonctions des ornithologistes.
Par leur
faconde les jacquots et les amazones, pitres emplumés, séduisirent
la bourgeoisie. Par leur beauté et leur aménité les aras et les
cacatois, représentants de la noblesse aérienne, gagnèrent les
bonnes grâces des grands seigneurs. Mais, après s'être divertis du
babil des premiers, après avoir reçu les caresses des seconds, les
hommes, ingrats et sceptiques, se posèrent cette question:« Les
perroquets sont-ils aussi intelligents qu'ils le paraissent?
— Non, se
répondirent-ils; car ils ne savent ce qu'ils disent. »
Alors,
Messieurs, l'écolier qui retient sa leçon n'est qu'un imbécile.
Alors, Messieurs, au nombre des facultés intellectuelles vous ne
devez pas ranger la mémoire: sans elle nous ne répéterions pas les
mots que vous nous enseignez.
Si nous ne
savons ce que nous disons, c'est votre faute, à vous nos professeurs,
qui nous bourrez la cervelle de phrases, dont vous ne nous expliquez
pas le sens. Marin Cureau de La Chambre, médecin ordinaire de Louis
XIV, vous montre clairement, dans son Traité de la connoissance
des animaux, de quels côtés sont les torts.
Pour moy,
dit-il, je n'ay point de peine à croire que si en voulant apprendre
un mot à un perroquet, on ne luy présentoit que du pain
principalement quand il a besoin de manger, il comprendrait à la fin
que ce mot quel qu'il fust signifieroit du pain.
Si vous nous
traitez d'imbéciles, le conservateur du musée d'Anvers détruira le tableau
de Rubens;(
11) qui représente
l'enfant Jésus, la Vierge, saint Joseph et un ara rauna grapillant
dans une vigne; car montrer la Sainte Famille en compagnie d'un oiseau
stupide est un sacrilège.
Si vous nous
refusez l'intelligence, l'éditeur de la prochaine édition de la Vie
de Scaramouche par Mezetin en retranchera le passage suivant,
comme étant invraisemblable:
Dès qu'il (Scaramouche)
fut en présence de Sa Majesté (Louis XIV,) il jetta son manteau par
terre et parut avec sa guittare, son chien et son perroquet. Il fit un
concert fort plaisant avec ces deux bêtes qu'il avoit dressées à
tenir leur partie, dont l'une estoit sur le manche de sa guittare et
l'autre sur un placet (tabouret)....
Tu n'ignores
pas que le comédien Scaramouche s'appelait de son véritable nom
Tiberio Fiorilli. (
12)
Il nous serait
aisé de confondre ceux qui doutent encore de notre esprit, en nous
faisant les historiographes des perroqnets célèbres. Mais que nous
importe l'estime des autres, puisque nous avons la tienne!
Nous t'aimons,
ô Raoul: cela doit te suffire. Tu nous aimes: cela nous suffit.
Tes perroquets
chéris,
Azur et Caquet.
|
1.
Vert-Vert
2.Trente-cinq
contes d'un perroquet: =
keuze uit het Perzische Tuti Nama.
Traduit (sur
la version anglaise des contes en persan de Nahs’rabi Zya) par Mme
Marie d’Heures. Paris, P. Mongie,1826.
In 1801 a
parallel text translation by Francis Gladwin appeared in London (J.
Debrett), reprinted in 1812 in Calcutta by Ramtonoo Congoley, which
wrongly attributed the translation to William Beckford (author of
Vathek). Gladwin based his translation on a 17th century
abridgement of Nakhshabi (d. c. 1350) by Muhammad Khudavand
Qadiri (a printed edition of Qadiri's text appeared in Bombay in 1888.
3. Un roman
historique de l'allemand Varnhagen d'Ense, intitulé Les
étoiles et les perroquets
Deze roman was
ook in het Papegaaienmuseum niet bekend. Stappen werden ondernomen, en
het boek is inmiddels toegevoegd aan de collectie. Een lijvig werk.
Echter, Raoul de Najac indachtig, heeft de hoofdcommies de opdracht
gekregen het boek eigenhandig door te nemen, en verslag te doen.
4
Voor een uitgebreide toelichting met betrekking tot de didactiek van
het leren spreken van papegaaien KLIK HIER
5: Gedoeld
wordt op Ovidius en Statius. Deze komen op een geschikter moment aan de orde
in HPM.
6.
KLIK HIER voor een afbeelding van het
mozaïek.
7. Het
betreft de heilige Theofano (ook
Theofana, Theofanou of Theophanu) van Byzantium (ook van
Constantinopel); keizerin; † 892. Feest (16 & 17 & 18
november & 16 december.
Theofano werd
geboren uit voortreffelijke ouders: Constantijn en Anna. Dezen waren
weer verwant aan verschillende keizerlijke personen. Lange tijd bleef
hun huwelijk kinderloos, waardoor ze gedurig de voorspraak van de
Heilige Maagd inriepen voor het krijgen van een kind. Toen er
tenslotte een dochter geboren werd, gaven ze haar de toepasselijke
naam Theofano (= 'Openbaring Gods'). Vanaf haar vroegste jeugd maakte
het meisje ernst met het christelijk geloof, zo weten haar
levensbeschrijvers te vertellen. Zij was haar leeftijdgenoten in alle
christelijke deugden de baas.
Op volwassen
leeftijd huwde zij met Leo IV, zoon van keizer Basilius de
Macedoniër. Zij hadden samen veel tegenslagen te verduren. Dieptepunt
was wel, dat Leo's vader geloof hechtte aan het gerucht, dat zijn zoon
gedurig met een mes op zak liep om bij de eerste de beste gelegenheid
zijn vader om te brengen. Op die manier zou hij zelf de troon kunnen
bestijgen, aldus het praatje dat rondgestrooid werd. Onverwijld liet
de lichtgelovige Basilius zijn zoon en schoondochter gevangen zetten.
Dat duurde zo drie jaar.
Tot het moment
dat de koning op het feest van de profeet Elia al zijn edelen en
hofbeambten uitnodigde op het banket. Bij
die gelegenheid riep de keizerlijke papagaai ineens uit: "Helaas,
hoe zielig is het lot van mijn heer Leo!" Hij herhaalde deze
woorden een behoorlijk aantal keren. Dit bracht grote consternatie
teweeg onder de hovelingen, en zij begonnen er allemaal bij de keizer
op aan te dringen om zijn zoon en schoondochter vrij te laten. De
keizer was diep geraakt. En gaf gevolg aan hun smeekbeden.
Na diens dood
kwam Leo op de troon, en kreeg de bijnaam 'De Wijze'. Theofano sloeg
nauwelijks acht op haar keizerlijke status; ze was veel meer bedacht
op de dingen van God, en ze verlangde ernaar het eeuwige geluk te
verwerven. Vandaar dat ze veel vastte en bad, aalmoezen gaf en
schenkingen deed voor de bouw van kerken en kloosters. Nooit kwam er
ook maar een vals woord over haar lippen; nooit deed ze mee aan het
roddelcircuit. Toen ze haar dood voelde naderen, riep zij haar meest
intieme vrienden bij zich, nam afscheid en beval haar geest aan in de
handen van onze Heer. Dat was in het jaar 892.
Haar
echtgenoot was overtuigd van haar heiligheid, en maakte zijn bedoeling
kenbaar om een kerk te bouwen op het graf van Theophano. Maar de
patriarch weigerde zijn medewerking. Toen bouwde Leo maar een kerk die
hij liet toewijden aan Alle Heiligen. Want, zo redeneerde hij, als
Theofano inderdaad tot de rijen der heiligen behoorde, zou zij hiermee
tegelijk met de alle anderen heiligen de nodige verering ontvangen.
Het was dan
ook in die tijd, dat in de oosterse kerk het feest van Alle Heiligen
werd ingevoerd op de eerste zondag na het feest van de Heilige
Drievuldigheid; en dat feest viel weer op de eerste zondag na
Pinksteren.
Bron:
Internet; anoniem
8 -
Vroegste
afbeelding Grijze Roodstaart in de archieven van het Papegaaienmuseum:
Lucas Cranach
de Oude, Hiëronimus (patroonheilige van de vertalers) in
zijn studeerkamer, pas uit 1526. De vraag is nu of Nunez werkelijk
Grijze roodstaarten meegebracht heeft...
Perroquet
cendré - Grijze roodstaart
Perroquet
cendré (seconde variété) - Grijze roodstraat (variant)
9 -
Tot aan het
moment dat Nunez de vermeende Grijze roodstaarten meevoert uit Afrika
(is hij wel verder gekomen dan de Canarische Eilanden..?) zijn slechts
de Indische papegaaien in Europa bekend.
Columbus
brengt in 1493 de eerste Amazone- soorten, en mogelijk ook Ara’s mee.
Amazone
à tête blanche
Amazone
jaune ou perroquet d'or
Amazone
à tête blanche
Ara
vert
10
Kaketoes
11
12 Voor de bedoelde tekst over Scaramouche en de fabel KLIK HIER.
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