Coco
Le
couvert est dressé : Monsieur se met à table.
Madame
est d'une humeur atroce ; épouvantable,
Coco,
son perroquet, a failli se casser
Les
pattes en voulant sauter pour l'embrasser.
Dam !
elle lui sourit, le caresse et le baise
Tant,
que Coco finit par la trouver mauvaise ;
Il
donne à sa maîtresse un gentil coup de bec,
Emportant
et la chair et l‘épiderme avec,
Puis
s'en va se percher sur le bord d'une assiette.
Monsieur
veut lui donner un coup de sa serviette ;
Mais
Madame lui dit : « Qu'il n'a pas fait exprès,
«
Et que c'est en jouant ; qu'il est toujours après,
«
Et qu'il est, en un mot, plus bête que la Bête. »
«
Viens mon petit Coco ; grrratter, grrratter la tête ? »
Coco,
se sentant fort, se met à fourrager
Dans
les plats, comme un coq dedans un potager ;
Enfin,
juché dessus le bord de la soupière,
Il
aiguise son bec comme sur une pierre.
Le
perroquet s'en donne à loisir ; mais voilà
Qu'il
laisse choir sous lui, dans le tapioca,
Une
substance molle, et visqueuse, et verdâtre...
C'est...
tout juste !. — C'en est. — Alors, coup de théâtre !
Et
Monsieur, cette fois, de colère pâlit,
Madame,
en souriant, prend le corps du délit
Dans
sa cuiller : « Tu vois que c'est bien peu de chose. >>
C'est
trop fort, dit Monsieur, tu m'aimes je suppose,
Plus
que ce perroquet ? — Je gagerais pourtant
Que
tu te fâcherais, si j'en faisais autant.
|