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Volksliedjes en - verzen & gezelschapsliederen & hun letterkundige achtergrond, in het bijzonder in de 19de eeuw

door Ed Schilders

 

TEKST

Uit: Hollandsche Gezelschap Liederen, een handschrift van W. Offermans

Datum van optekening : 13 oktober 1872

Transcriptie: Leonie Robroek

 

La mort de Jeanne d’Arc*

 

A qui réserve-t-on ces apprêts meurtriers

Pour qui ces torches qu’on excite?

L’airain sacré tremble et s’agite ....

D’où vient ce bruit lugubre ? où courrent ces guerriers,

Dont la foule à longs flots roule et se précipite 

La joie éclate sur leurs traits;

Sans doute l’honneur les enflamme ;

Ils vont pour un assant former leurs rangs épais;

Non, ces guerriers sont des Anglais

Qui vont voir mourir une femme

Qu’ils sont nobles dans leur courroux!

Qu’il est beau d’insulter au bras chargé d’entraves !

La voijant sans défense, ils écriaient ces braves :

Qu’elle meurt ! elle a contre nous.

Des esprits infernaux suscité la magie ... "

Laches, que lui resprochez-vous ?

D’un courage inspiré la brûlante énergie,

L’amour du nom français, le mépris du danger

Voilà sa magie et ses charmes:

Enfant il d’autres que des armes

Pour combattre, pour vaincre et punir l’étranger

Du Christ, avec ardeur Jeanne baisait l’image

Les longs cheveux épars flottaient au gré des vents.

[tu] pied de l’ échafaud, sans changer de visage

Elle s’avançait à pas lents.

Tranquille ell y monta; quand, debout sur le faîte

Elle vit ce bûcher qui l’allait dévorer,

Les bourreaux en suspens, la flamme déja prête

Sentant son coeur faillir, elle baissa la tête

Elle se prit à pleure. Ah pleurer fille infortunée

Ta jeunesse va se flétrir. Dans sa fleur trop tôt moissonnée !

Adieu, beau ciel, il faut mourir

Tu ne reverras plus tes riantes montagnes,

Le temple, le hameau, les champs de Vaucouleurs*.

Et ta [chaumière] et tes compagnes,

Et ton père expirant sous le poids des douleurs

Après quelques instants d’un horrible silence,

Tout à coup le feu brille, il s’irrite, il s’élance

Le coeur de la guerrière alors s’est ranimé;

Et travers les vapeurs d’une fumée ardente,

Jeanne encore menacante.

Montre aux Anglais son bras à demi-consumé

Pourquoi reculer d’épouvante,

Anglais? son bras est désarme;

La flamme l’environne, et savoix expirante

Murmure encore: " France ! o mon roi bien aime"

Qu’un monument s’élève aux lieux de ta naissance,

O toi, qui des vainqueurs renversas les profets!

La France y portera son deuil et ses regrets,

Sa tardive reconnaissance;

Elle y vrendra [géruir] sans de jeunes cyprès;

Puissent croître avec eux ta gloire et la puissance

Que sur l’airain funèbre on grave tes combats,

Des étendards anglais fuyant devant tes pas,

Dieu [vengeant] par tes mains la plus juste des causes!

Venez, jeunes beautés, venez, braves soldats;

[Sernez] sur son tombeau les lauriers et les roses!

Qu’un jour le voyageurs en parcourent ces bois,

Ceuille un raineau sacré, l’y dépose et s’écrie:

Et celle qui sauva la trône et la patrie,

Et n’obtint qu’un tombeau pour prix de ses exploits.

 

13 Oct : 72

 

 

* Jeanne d’Arc = De maagd van Orleans; geboren in 1412 in Domrémy in de Vogezen, verjoeg de Engelsen in 1430. Zij werd door Bourgondiërs gevangen genomen en aan de Engelsen overgeleverd. Ze stierf op de brandstapel in Rouen in 1431 In 1456 werd zij toch onschuldig verklaard en in 1920 heilig.

* Vaucouleurs = stad in de Vogezen aan de Marne

 

AANTEKENINGEN

 

In feite is deze tekst zoals hiernaast getoond slechts een fragment uit een langer gedicht van de Franse dichter Casimir Delavigne (1793-1843), opgenomen in diens bundel 'Les Messéniennes' (1818-1819). Offermans nam dus slechts een deel ervan over. Een aantal passages is in het Frans gevleugeld geworden, zoals deze regels die in enigszins afwijkende vorm ook in Offermans' handschrift voorkomen:

Ah! Pleure, fille infortunée!

Ta jeunesse van se flétrir,

Dans sa fleur trop tôt moissonnée!

Adieu, beau ciel, il faut mourir!

P. Dupré, Encyclopédie des Citations, Parijs 1959)

 

Delavigne's complete gedicht (uit de elektronische bibliotheek Gallica van de Bibliothèque Nationale de France):

 

LA MORT DE JEANNE D'ARC

p51

Silence au camp ! La vierge est prisonnière ;
par un injuste arrêt Bedfort croit la flétrir :
jeune encore, elle touche à son heure dernière...
silence au camp ! La vierge va périr.
Des pontifes divins, vendus à la puissance,
sous les subtilités des dogmes ténébreux
ont accablé son innocence.
Les anglais commandaient ce sacrifice affreux :
un prêtre en cheveux blancs ordonna le supplice ;
et c' est au nom d' un dieu par lui calomnié,
d' un dieu de vérité, d' amour et de justice,
qu' un prêtre fut perfide, injuste et sans pitié.
p52

Dieu, quand ton jour viendra, quel sera le partage
des pontifes persécuteurs ?
Oseront-ils prétendre au céleste héritage
de l' innocent dont ils ont bu les pleurs ?
Ils seront rejetés, ces pieux imposteurs,
qui font servir ton nom de complice à leur rage,
et t' offrent pour encens la vapeur du carnage.
à qui réserve-t-on ces apprêts meurtriers ?
Pour qui ces torches qu' on excite ?
L' airain sacré tremble et s' agite...
d' où vient ce bruit lugubre ? Où courent ces guerriers
dont la foule à long flots roule et se précipite ?
La joie éclate sur leurs traits,
sans doute l' honneur les enflamme :
ils vont pour un assaut former leurs rangs épais :
non, ces guerriers sont des anglais
qui vont voir mourir une femme.
Qu' ils sont nobles dans leur courroux !
Qu' il est beau d' insulter au bras chargé d' entraves !
p53

La voyant sans défense, ils s' écriaient, ces braves :
qu' elle meure ! Elle a contre nous
des esprits infernaux suscité la magie...
lâches ! Que lui reprochez-vous ?
D' un courage inspiré la brûlante énergie,
l' amour du nom français, le mépris du danger,
voilà sa magie et ses charmes ;
en faut-il d' autres que des armes
pour combattre, pour vaincre et punir l' étranger ?
Du Christ avec ardeur Jeanne baisait l' image ;
ses longs cheveux épars flottaient au gré des vents,
au pied de l' échafaud, sans changer de visage,
elle s' avançait à pas lents.
Tranquille, elle y monta : quand, debout sur le faîte,
elle vit ce bûcher qui l' allait dévorer,
les bourreaux en suspens, la flamme déjà prête,
sentant son coeur faillir, elle baissa la tête,
et se prit à pleurer.
Ah ! Pleure, fille infortunée !
Ta jeunesse va se flétrir,
dans sa fleur trop tôt moissonnée !
p54

Adieu, beau ciel, il faut mourir.
Ainsi qu' une source affaiblie,
près du lieu même où naît son cours,
meurt en prodiguant ses secours
au berger qui passe et l' oublie ;
ainsi, dans l' âge des amours,
finit ta chaste destinée,
et tu péris abandonnée
par ceux dont tu sauvas les jours.
Tu ne reverras plus tes riantes montagnes,
le temple, le hameau, les champs de Vaucouleurs,
et ta chaumière et tes compagnes,
et ton père expirant sous le poids des douleurs.
Chevaliers, parmi vous qui combattra pour elle ?
N' osez-vous entreprendre une cause si belle ?
Quoi ! Vous restez muets ! Aucun ne sort des rangs !
Aucun pour la sauver ne descend dans la lice !
p55

Puisqu' un forfait si noir les trouve indifférens,
tonnez, confondez l' injustice,
cieux, obscurcissez-vous de nuages épais ;
éteignez sous leurs flots les feux du sacrifice,
ou guidez au lieu du supplice,
à défaut du tonnerre, un chevalier français.
Après quelques instans d' un horrible silence,
tout à coup le feu brille, il s' irrite, il s' élance...
le coeur de la guerrière alors s' est ranimé ;
à travers les vapeurs d' une fumée ardente,
Jeanne, encor menaçante,
montre aux anglais son bras à demi consumé.
Pourquoi reculer d' épouvante,
anglais ? Son bras est désarmé.
La flamme l' environne, et sa voix expirante
murmure encore : ô France ! ô mon roi bien-aimé !
Que faisait-il ce roi ? Plongé dans la mollesse,
tandis que le malheur réclamait son appui,
l' ingrat, il oubliait, aux pieds d' une maîtresse,
la vierge qui mourait pour lui !
Ah ! Qu' une page si funeste
de ce règne victorieux,
pour n' en pas obscurcir le reste,
p56

s' efface sous les pleurs qui tombent de nos yeux !
Qu' un monument s' élève aux lieux de ta naissance,
ô toi, qui des vainqueurs renversas les projets !
La France y portera son deuil et ses regrets,
sa tardive reconnaissance ;
elle y viendra gémir sous de jeunes cyprès :
puissent croître avec eux ta gloire et sa puissance !
Que sur l' airain funèbre ou grave des combats,
des étendards anglais fuyant devant tes pas,
Dieu vengeant par tes mains la plus juste des causes.
Venez, jeunes beautés ; venez, braves soldats ;
semez sur son tombeau les lauriers et les roses !
Qu' un jour le voyageur, en parcourant ces bois,
cueille un rameau sacré, l' y dépose, et s' écrie :
" à celle qui sauva le trône et la patrie,
" et n' obtint qu' un tombeau pour prix de ses exploits. "
notre armée au cercueil eut mon premier hommage ;
mon luth chante aujourd' hui les vertus d' un autre âge :
ai-je trop présumé de ses faibles accens ?
Pour célébrer tant de vaillance,
sans doute il n' a rendu que des sons impuissans ;
p59

mais, poète et français, j' aime à vanter la France.
Qu' elle accepte en tribut de périssables fleurs.
Malheureux de ses maux et fier de ses victoires,
je dépose à ses pieds ma joie ou mes douleurs :
j' ai des chants pour toutes ses gloires,
des larmes pour tous ses malheurs.