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1850,
5 augustus |
Henri René Albert
Guy de Maupassant, geboren op het Château de Miromesnil in de
nabijheid van Tourville-sur-Arques; kind van Laure Le Poittevin en Gustave de Maupassant.
De geruchten dat hij een buitenechtelijk kind zou zijn van Gustave
Flaubert zijn nooit onweerlegbaar bewezen.
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foto: Nadar
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1868,
oktober |
Maupassant redt Algernon Charles Swinburne
van de verdrinkingsdood aan de kust van Normandië
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1868 |
Maupassant leert Flaubert kennen
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1870 |
Maupassant
is vrijwilliger
in de Frans-Pruisische oorlog
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1871 |
Maupassant
gaat naar Parijs en wordt daar ambtenaar
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1880
Les
dimanches d’un bourgeois |
Met een
papegaaienstem (1)
Aussitôt
qu'on fut dans le wagon, occupé déjà par deux messieurs décorés
et trois dames qui devaient être au moins des marquises, tant elles
montraient de dignité, la grande rousse, qui répondait au nom
d'Octavie, annonça à Patissot, avec une voix
de perruche, qu'elle était très bonne fille, aimant à
rigoler et adorant la campagne, parce qu'on y cueille des Qeura
et qu'on y mange de la friture: et elle riait d'un rire aigu à
casser les vitres, appelant familièrement son compagnon: « Mon
gros loup. »
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Maupassant in 1876 - door F.
Feyen-Perrin
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1883
L'enfant |
Het
verschil tussen sperwer en papegaai
Les
femmes irréprochables sont les femmes sans tempérament. Elles sont
nombreuses. Je ne leur sais pas gré de leur vertu, car elles n'ont
pas à lutter. Mais Jamais, entendez-vous, jamais une Messaline, une
Catherine ne sera sage. Elle ne le peut pas. Elle est créée pour
la caresse furieuse ! Ses organes ne ressemblent point aux
vôtres, sa chair est différente, plus vibrante, plus affolée au
moindre contact d'une autre chair; et ses nerfs travaillent, la
bouleversent et la domptent alors que les vôtres n'ont rien
ressenti. Essayez donc de nourrir un épervier
avec les petits grains ronds que vous donnez au perroquet ! Ce
sont deux oiseaux pourtant qui ont un gros bec crochu. Mais leurs
instincts sont différents.
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épervier = sperwer
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1883
La reine
Hortense |
Hortense: regentes over een volk van
dieren
On l'appelait, dans Argenteuil, la
reine Hortense. Personne ne sut jamais pourquoi. Peut-être parce
qu'elle parlait ferme comme un officier qui commande ?
Peut-être parce qu'elle était grande, osseuse, impérieuse ?
Peut-être parce qu'elle gouvernait un peuple de bêtes domestiques,
poules, chiens, chats, serins et perruches,
de ces bêtes chères aux vieilles filles ? Mais elle n'avait
pour ces animaux familiers ni gâteries, ni mot mignards, ni ces
puériles tendresses qui semblent couler des lèvres des femmes sur
le poil velouté du chat qui ronronne. Elle gouvernait ses bêtes
avec autorité, elle régnait.
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1884
Tribunaux
rustiques |
Met een
papegaaienstem (2)
Mme Bascule:
Et il me
renie, il m'abandonne, et il me vole mon bien...
Isidore:
C'est pas
vrai, m'sieur l' juge. J' voulus la quitter, v'là cinq ans, vu
qu'ell' avait grossi d'excès, et que ça m'allait point. Ça me
déplaisait, quoi ? Je li dis donc que j' vas partir ?
Alors v'là qu'a pleure comme une gouttière et qu'a me promet son
bien du Bec-de-Mortin pour rester quéque z'années, rien que quatre
ou cinq. Mé, je dis "oui" pardi ! Quéque vous
auriez fait, vous ?
Je suis donc
resté cinq ans, jour pour jour, heure pour heure. J'étais quitte.
Chacun son dû. Ça valait ben ça ! (La
femme d'Isidore, muette jusque-là, crie avec une voix perçante de
perruche:)
Mais
guétez-la, guétez-la, m'sieu l' juge, c'te meule, et dites-mé que
ça valait ben ça ?
Le père (hoche
la tête d'un air convaincu et répète):
Pardi, oui,
ça valait ben ça.
(Mme Bascule
s'affaisse sur le banc derrière elle, et se met à pleurer.)
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1884
Gustave Flaubert. Étude préfaçant le livre Lettres à George Sand, par
Gustave Flaubert |
Hoe Flaubert Un Coeur Simple
schreef
De ce
formidable labeur naissait pour lui [Flaubert] un extrême respect
pour la littérature et pour la phrase. Du moment qu'il avait
construit une phrase avec tant de peines et de tortures, il
n'admettait pas qu'on en pût changer un mot. Lorsqu'il lut à ses
amis le conte intitulé: Un Cœur simple,
on lui fit quelques remarques et quelques critiques sur un passage
de dix lignes, dans lequel la vieille fille finit par confondre
son perroquet et le Saint-Esprit. L'idée paraissait subtile
pour un esprit de paysanne. Flaubert écouta, réfléchit, reconnut
que l'observation était juste. Mais une angoisse le saisit:
« Vous avez raison, dit-il, seulement... il faudrait changer
ma phrase. »
Le
soir même, cependant, il se mit à la besogne; il passa la nuit
pour modifier dix mots, noircit et ratura vingt feuilles de papier,
et, pour finir, ne changea rien, n'ayant pu construire une autre
phrase dont l'harmonie lui parût satisfaisante. Au commencement du
même conte, le dernier mot d'un alinéa, servant de sujet au
suivant, pouvait donner lieu à une amphibologie. On lui signala
cette distraction; il la reconnut, s'efforça de modifier le sens,
ne parvint pas à retrouver la sonorité qu'il voulait, et,
découragé, s'écria: « Tant pis pour le sens; le rythme
avant tout! »
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Flaubert - Un
Coeur Simple
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1884
Découverte
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Een
moeizaam huwelijk
Elle parle,
à présent... Elle parle... mal... très mal... Elle fait tout
autant de fautes... Mais on la comprend... oui, je la comprends...
je sais... je la connais...
J'ai
ouvert ma poupée pour regarder dedans... j'ai vu. Et il faut causer,
mon cher !
Ah !
tu ne les connais pas, toi, les opinions, les idées, les théories
d'une jeune Anglaise bien élevée, à laquelle je ne peux rien
reprocher, et qui me répète, du matin au soir, toutes les phrases
d'un dictionnaire de la conversation à l'usage des pensionnats de
jeunes personnes.
Tu
as vu ces surprises du cotillon, ces jolis papiers dorés qui
renferment d'exécrables bonbons. J'en avais une. Je l'ai déchirée.
J'ai voulu manger le dedans et suis resté tellement dégoûté que
j'ai des haut-le-coeur, à présent, rien qu'en apercevant une de
ses compatriotes.
J'ai
épousé un perroquet à qui une vieille institutrice anglaise
aurait enseigné le français: comprends-tu ?"
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Maupassant geschilderd door Edouard
Manet
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1884
Yvette
Nederlandse vertaling Adriaan
Morriën |
De
dragonder bloost als een papegaai
Oui, je suis
peut-être amoureux. J'y songe trop. Je pense à elle en m'endormant
et aussi en me réveillant... c'est assez grave. Son image me suit, me
poursuit, m'accompagne sans cesse, toujours devant moi, autour de moi,
en moi. Est-ce de l'amour, cette obsession physique? Sa figure est
entrée si profondément dans mon regard que je la vois sitôt que je
ferme les yeux. J'ai un battement de cœur chaque fois que je l'aperçois,
je ne le nie point. Donc je l'aime, mais drôlement. Je la désire
avec violence, et l'idée d'en faire ma femme me semblerait une folie
une stupidité, une monstruosité. J'ai un peu peur d'elle aussi, une
peur d'oiseau sur qui plane un épervier. Et je suis jaloux d'elle
encore, jaloux de tout ce que j'ignore dans ce cœur incompréhensible.
Et je me demande toujours: "Est-ce une gamine charmante ou une
abominable coquine?" Elle dit des choses à faire frémir une
armée; mais les perroquets aussi. Elle
est parfois imprudente ou impudique à me faire croire à sa candeur
immaculée, et parfois naïve, d'une naïveté invraisemblable, à me
faire douter qu'elle ait jamais été chaste. Elle me provoque,
m'excite comme une courtisane et se garde en même temps comme une
vierge.
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Ja, misschien ben ik
verliefd, Ik denk te vaak aan haar. Ik denk aan haar voor dat ik ga
slapen en als ik wakker word... dat is gevaarlijk. Haar beeld volgt
mij, achtervolgt mij; het is altijd bij mij, altijd vóór mij, om mij
heen, in mij. Is dat liefde wanneer je zo door het lichaam van een
vrouw wordt bezeten? Mijn blikken hebben haar zo volkomen opgenomen,
dat ik haar zie zodra ik mijn ogen sluit. Ik krijg hartkloppingen
telkens wanneer ik haar in de gaten krijg. Dat ontken ik niet. Ik ben
dus verliefd op haar, maar op een eigenaardige manier. Ik begeer haar
hartstochtelijk, maar de gedachte dat ik met haar zou trouwen komt mij
als iets krankzinnigs voor, een stommiteit, iets afschuwelijks. Ik ben
ook een beetje bang voor haar, zoals een vogel bang is die een sperwer
boven zich ziet vliegen. Maar ik ben nog erger jaloers op haar,
jaloers op alles wat zij in haar ondoorgrondelijke hart verbergt. Ik
vraag mij voortdurend af: is het een aardig meisje of een
afgrijselijke feeks? Zij zegt dingen die een dragonder zouden doen
blozen, net als een papegaai. Soms is zij zo schaamteloos of zo
onbeschaamd dat ik werkelijk in haar onschuld en kuisheid geloof. Maar
dan weer is zij zo argeloos dat ik er aan twijfel of zij ooit wel kuis
is geweest. Zij windt mij op en zij prikkelt mij als een door de wol
geverfde vrouw. Maar tegelijk gedraagt zij zich als een maagd.
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Maupassant aan boord van zijn yacht
Bel-Ami; kunstenaar onbekend
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1887
bron:
internet, GUY DE MAUPASSANT À
ÉTRETAT |
Hallo Parijse zeugjes!
À La Guillette, Maupassant s’entoura
d’animaux. Paff, son épagneul favori, cohabitait avec la chatte
Piroli qui prenait très à coeur sa fonction de chasseur de souris.
Sa fille Pussy lui succéda à l’automne 1887 et tout ce petit monde
s’accommodait assez bien de la présence
bruyante du perroquet Jacquot qui saluait les jolies dames de Paris d’un
sonore "Bonjour, petite cochonne!" Un singe compléta
pendant un temps la ménagerie, mais l’écrivain dut s’en séparer.
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1887/88
Pierre et
Jean |
Papegaaienkleuren
in de haven
Les steamers
hâtifs s'enfuyaient à droite, à gauche, sur le ventre plat de
l'Océan, tandis que les bâtiments à voile, abandonnés par les
mouches qui les avaient halés, demeuraient immobiles, tout en
s'habillant de la grande hune au petit perroquet,
de toile blanche ou de toile brune qui semblait rouge au soleil
couchant.
* Devant
la place de la Bourse, Roland contempla, comme il le faisait chaque
jour, le bassin du Commerce plein de navires, prolongé par d'autres
bassins, où les grosses coques, ventre à ventre, se touchaient sur
quatre ou cinq rangs. Tous les mâts innombrables, sur une étendue de
plusieurs kilomètres de quais, tous les mâts avec les vergues, les
flèches, les cordages, donnaient à cette ouverture au milieu de la
ville l'aspect d'un grand bois mort. Au-dessus de cette forêt sans
feuilles, les goélands tournoyaient, épiant pour s'abattre, comme
une pierre qui tombe, tous les débris jetés à l'eau; et un mousse,
qui rattachait une poulie à l'extrémité d'un cacatois,
semblait monté là pour chercher des nids.
Engelse
koekjes voor papegaaienbekken
Et cette
tasse de thé, monsieur Lecanu ? - Maintenant, je veux
bien, Madame, avec plaisir." La bonne appelée apporta d'abord
des gâteaux secs en de profondes boîtes de fer-blanc, ces fades et
cassantes pâtisseries anglaises qui semblent cuites
pour des becs de perroquet et soudées en des caisses de métal
pour des voyages autour du monde. Elle alla chercher ensuite des
serviettes grises, pliées en petits carrés, ces serviettes à thé
qu'on ne lave jamais dans les familles besogneuses.
De droeve
papegaaienblik
Un seul bec
de gaz brillait au-dessus du comptoir chargé de fioles. Ceux de la
devanture n'avaient point été allumés, par économie. Derrière ce
comptoir, assis sur une chaise et les jambes allongées l'une sur
l'autre, un vieux homme chauve, avec un grand nez d'oiseau qui,
continuant son front dégarni, lui donnait un
air triste de perroquet, dormait profondément, le menton sur
la poitrine.
Au
bruit du timbre, il s'éveilla, se leva, et reconnaissant le docteur,
vint au-devant de lui, les mains tendues.
Sa
redingote noire, tigrée de taches d'acides et de sirops, beaucoup
trop vaste pour son corps maigre et petit, avait un aspect d'antique
soutane; et l'homme parlait avec un fort accent polonais qui donnait
à sa voix fluette quelque chose d'enfantin, un zézaiement et des
intonations de jeune être qui commence à prononcer.
Het moede
hoofd van een Pool
Deux petits
verres furent pris dans l'arrière-boutique et apportés sur la
planche aux préparations; puis les deux hommes examinèrent en
l'élevant vers le gaz la coloration du liquide.
"Joli
rubis ! déclara Pierre. - N'est-ce pas ?" La
vieille tête de perroquet du Polonais semblait ravie.
Le docteur
goûta, savoura, réfléchit, goûta de nouveau, réfléchit encore et
se prononça:
"Très
bon, très bon, et très neuf comme saveur; une trouvaille, mon cher!"
|
Maupassant -
karikatuur door Coll-Toc
|
1888
Sur l’eau |
Papegaai of dichter?
La femme qui se sent sollicitée par ce
goût bizarre d'avoir chez elle un homme de
lettres comme on peut avoir un perroquet dont le bavardage
attire les concierges voisines, a le choix entre les poètes et les
romanciers. Les poètes ont plus d'idéal, et les romanciers plus
d'imprévu. Les poètes sont plus sentimentaux, les romanciers plus
positifs. Affaire de goût et de tempérament. Le poète a plus de
charme intime, le romancier plus d'esprit souvent. Mais le romancier
présente des dangers qu'on ne rencontre pas chez le poète, il ronge,
pille et exploite tout ce qu'il a sous les yeux. Avec lui on ne peut
jamais être tranquille, jamais sûr qu'il ne vous couchera point, un
jour, toute nue, entre les pages d'un livre. Son oeil est comme une
pompe qui absorbe tout, comme la main d'un voleur toujours en travail.
|
|
1888
Le noyé
|
Een wonder
van een papegaai voor drie francs - wie biedt er meer?
Juste en ce
moment, on adjugeait un perroquet, un perroquet vert à tête bleue,
qui regardait tout ce monde d'un air mécontent et inquiet.
-
Trois francs ! criait le vendeur ; un oiseau qui parle comme
un avocat, trois francs
Une
amie de la Patin lui poussa le coude :
-
Vous devriez acheter ça, vous qu'êtes riche, dit-elle. Ça vous
tiendrait compagnie ; il vaut plus de trente francs, c't
oiseau-là. Vous le revendrez toujours ben vingt à vingt-cinq !
-
Quatre francs ! mesdames, quatre francs ! répétait l'homme.
Il chante vêpres et prêche comme M. le curé. C'est un phénomène...
un miracle !
La
Patin ajouta cinquante centimes et on lui remit, dans une petite cage,
la bête au nez crochu, qu'elle emporta.
Puis
elle l'installa chez elle et, comme elle ouvrait la porte de fil de
fer pour offrir à boire à l'animal, elle reçut, sur le doigt, un
coup de bec qui coupa la peau et fit venir le sang.
-
Ah ! qu'il est mauvais, dit-elle.
Elle
lui présenta cependant du chènevis et du maïs, puis le laissa
lisser ses plumes en guettant d'un air sournois sa nouvelle maison et
sa nouvelle maîtresse.
Le
jour commençait à poindre, le lendemain, quand la Patin entendit, de
la façon la plus nette, une voix, une voix forte, sonore, roulante,
la voix de Patin, qui criait :
-
Te lèveras-tu, charogne !
|
Complete
tekst van Guy de Maupassants Le Noyé & de Engelse
vertaling: The Parrot
|
1889
Bron:
François Tassart: Souvenirs sur Guy de Maupassant par François
son valet de chambre (1883 - 1893) |
Un jour un
commissionnaire apporte pour M. de Maupassant un volumineux paquet
soigneusement emballé, avec recommandation spéciale de ne le
remettre qu'à « lui-même ». L'homme voulait attendre,
mais quand je lui eus remis un bon pourboire, il n'insista plus et
s'en alla. Bien lui en prit, car mon maître ne rentra qu'à 8 heures
pour dîner. On défit le paquet ; c'était d'abord un très fort
papier, puis un bulle et alors, bien alignées, une série de petites
boîtes qui contenaient chacune une petite poupée mignonnette de dix
à douze centimètres de hauteur. Il y en avait en tout vingt-quatre.
Six étaient habillées en femmes du monde, avec des robes à traîne,
superbement élégantes dans leur petite taille ; six autres
étaient habillées en religieuses, tout en noir avec coiffes blanches ;
elles étaient moins attrayantes que les femmes du monde, sous ce
costume noir, mais elles avaient un cachet spécial, un genre austère
tout à fait réussi ; puis six avaient le costume des
religieuses dominicaines, tout en blanc ; elles étaient
ravissantes. Les six dernières étaient des veuves habillées de
crêpe, avec long voile.
On
les aligna toutes sur la table de la salle à manger et mon maître se
mit à dîner. Pussy, la curieuse, voulait absolument sauter sur la
table, pour s'amuser de ces jouets qui lui plaisaient sans doute, mais
on craignait ses coups de patte.
Quant
à Jacquot, le perroquet, à la vue du joli décor que faisaient ces
petites poupées si fraîches et si jolies, il quitta son perchoir
pour venir examiner cela de plus près, car, lui aussi, était pas mal
curieux. Monsieur le laissa un peu sur la table. Ce perroquet était
amusant, il tournait à droite, à gauche, tout en marmonnant, puis
prenait des airs importants, faisait des saluts aussi gracieusement
qu'il le pouvait ; en fin de compte, ce furent les dames du monde
qui eurent sa préférence ; elles étaient parfumées et il
raffolait des odeurs. Aussi était-il empressé près de ces dames,
trop même, car il voulait leur témoigner son amabilité par des
coups de bec qui auraient pu les détériorer. Il fallut donc
l'éloigner ; il protesta à sa manière, mais on ne lui céda
pas.
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Bron:
François Tassart: Nouveaux souvenirs intimes sur Guy de
Maupassant |
De pratende
Vlaamse gaai
Une heure
plus tard, mon maître était habillé, souliers vernis, chaussettes
de soie noire, un pantalon bleu très clair un gilet à raies blanches
et or, un habit rouge à boutons de métal ; le col blanc de sa
chemise faisait ressortir le noir de son cou et de son visage. Coiffé
d'une chéchia, M. de Maupassant se regarde dans la glace et n'a pas
même un de ces sourires de satisfaction dont les nègres sont si
prodigues, pour montrer la blancheur de leurs dents, quand ils se
voient en si belle tenue. Mon maître se dirige alors vers le salon
où il est reçu par les exclamations de Jacquot, qui monte et descend
sur son perchoir, de toute la vitesse qu'il peut fournir, tant il
était étonne à la vue de ce visage noir et de cet habit
rouge. Il
se calme enfin, et revenu de sa surprise, il dit avec force :
« Maupassant ! Maupassant ! te voilà de
retour... » et il rit de tout son cœur. « Vous voyez, me
dit alors mon maître, tout d'abord, ce perroquet a cru avoir
retrouvé en moi un ami de son pays natal, mais il s'est aperçu bien
vite de son erreur, et pour me prouver qu'il n'était pas dupe de mon
déguisement, il m'a tenu le même langage que quand je rentre de
voyage. - Cela me surprend d'autant moins, repris-je, que j'ai été
témoin dans mon pays d'un trait analogue, qui prouve bien l'esprit
des bêtes. Une dame avait un geai à qui elle avait appris à
parler,
et souvent avec beaucoup d'à-propos ; elle recevait presque
toutes les semaines un officier qui venait faire sa partie ; dès
que le geai l'apercevait, s'il était en tenue, il criait :
« Portez armes !!! ». Si, au contraire, il était en
civil, il lui disait « Bonjour, capitaine ».
* M. de
Maupassant en sortant de son bain se regarda dans la glace et
satisfait de se retrouver lui-même, écarta de son index la paupière
de son œil gauche, geste qui lui était familier. « Croiriez-vous,
me dit-il, que pas un des invités de M. le Comte Zernuski n'a eu la
perspicacité de Jacquot. Je suis rentré sans avoir été reconnu ».
C'est par cette réflexion philosophique sur l'esprit des bêtes que
se termina cette émouvante odyssée.
* Un jour M.
de Maupassant avait reçu, en cadeau d'une Comtesse une petite guenon
appelée Chaly. Au bout de quinze jours, il en avait assez: « Oui !
me disait-il, elle n'est ni belle ni propre, et je ne veux pas la
garder. Vous la porterez au Havre, chez un de ces marchands des quais
et vous me rapporterez, en échange, un superbe perroquet amazone
bleu ». Ma première impression fut de préférer à la guenon
notre nouvel hôte, mais je ne tardai pas à constater que la guenon
était encore préférable au perroquet. Cet animal avait tous les
défauts, il était menteur, moqueur, bavard, criard et encore plus
voleur que ma Pussy. Quelle bête désagréable et énervante, que de
vilains tours, il m'a joué ! il fallait le surveiller
constamment, car il ne laissait échapper aucune occasion de mal
faire.
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guenon
= aapje
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1889
Boitelle |
*
Il était alors soldat, faisant son temps au
Havre, pas plus bête qu'un autre, pas plus dégourdi non plus, un peu
simple pourtant. Pendant les heures de liberté, son plus grand
plaisir était de se promener sur le quai, où sont réunis les
marchands d'oiseaux. Tantôt seul, tantôt avec un pays, il s'en
allait lentement le long des cages où les perroquets à dos vert et
à tête jaune des Amazones, les perroquets à dos gris et à tête
rouge du Sénégal, les aras énormes qui ont l'air d'oiseaux
cultivés en serre, avec leurs plumes fleuries, leurs panaches et
leurs aigrettes, des perruches de toute taille, qui semblent
coloriées avec un soin minutieux par un bon Dieu miniaturiste, et les
petits, tout petits oisillons sautillants, rouges, jaunes, bleus et
bariolés, mêlant leurs cris au bruit du quai, apportent dans le
fracas des navires déchargés, des passants et des voitures, une
rumeur violente, aiguë, piaillarde, assourdissante, de forêt
lointaine et surnaturelle.
* Or une
fois, s'étant arrêté presque en extase devant un araraca monstrueux
qui gonflait ses plumes, s'inclinait, se redressait, semblait faire
les révérences de cour du pays des perroquets, il vit s'ouvrir la
porte d'un petit café attenant à la boutique du marchand d'oiseaux,
et une jeune négresse, coiffée d'un foulard rouge, apparut, qui
balayait vers la rue les bouchons et le sable de l'établissement.
L'attention
de Boitelle fut aussitôt partagée entre l'animal et la femme, et il
n'aurait su dire vraiment lequel de ces deux êtres il contemplait
avec le plus d'étonnement et de plaisir.
La
négresse, ayant poussé dehors les ordures du cabaret, leva les yeux,
et demeura à son tour éblouie devant l'uniforme du soldat. Elle
restait debout, en face de lui, son balai dans les mains comme si elle
lui eût porté les armes, tandis que l'araraca continuait à
s'incliner.
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1891
Yvette
(theater-versie, onvoltooid) |
Blozende
dragonders (2)
Jean de
Servigny: Oui, Yvette. Une merveille, grande, magnifique, mûre à
point, aussi blonde que sa mère est brune, admirable rejeton
d'aventurière poussé sur le fumier de ce monde-là.
Léon Saval:
Et le moral ?
Jean de
Servigny: Je ne sais pas, on ne sait pas. Naïve ou rouée ?
impossible de le dire, peut-être les deux. Il y a des jours où je la
crois une sainte, et d'autres où je la crois une rosse. J'éprouve un
entraînement irraisonné vers sa candeur possible et une méfiance
très raisonnable contre sa rouerie non moins probable. Elle
dit des choses à faire frémir une armée, mais les perroquets aussi.
Elle est parfois imprudente à me faire croire à sa candeur
immaculée et parfois niaise, d'une niaiserie invraisemblable à me
faire douter qu'elle ait jamais été naïve. Elle provoque comme une
courtisane et se garde comme une vierge. Je ne sais pas. Mais tu vas
la voir.
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1892, 2
januari
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Guy de Maupassant snijdt zijn keel door.
Wordt opgenomen in de privékliniek van Dr. Esprit Blanche.
|
Dr. Blanche
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1893, 6
juli |
Guy de Maupassant overlijdt in Parijs.
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THE
NEW SENSATION
"Would
you like to have our fortune told?"
It
was a very fine specimen of its kind, and had, no doubt, been far and
wide.
Placards and portraits, bordered by advertisements, hung above the
shaky
steps, and the small windows with their closed shutters, were
almost
hidden by boxes of sweet basil and mignonette, while an old, bald
parrot,
with her feathers all ruffled, was asleep just outside.
The
fortune teller was sitting on a chair, quietly knitting a stocking,
and
on their approach she got up, went up to Madame d'Ormonde and said
in
an unctuous voice:
"I
reveal the present, the past and the future, and even the name of the
future
husband or wife, and of deceased relations, as well as my
client's
present and future circumstances. I have performed before
crowned
heads. The Emperor of Brazil came to me, with the illustrious
poet,
Victor Hugo.... My charge is five francs for telling your fortune
from
the cards or by your hand, and twenty francs for the whole lot....
Would
you like the lot, Madame?"
THE
ILL-OMENED GROOM
The
groom knelt before the lovely girl, whose moist lips sought his at
the
same instant.
From
that moment Lajos became her favorite. Of course he was not allowed
to
be jealous, as the young lord was still her official lover, who had
the
pleasure of paying everything for that licentious beauty, and
besides
him, there was a whole army of so-called "good friends," who
were
fortunate enough to obtain a smile now and then, and occasionally,
something
more, and who, in return, had permission to present her with
rare
flowers, a parrot or diamonds.
The
more intimate Zoë became with Lajos, the more uncomfortable she felt
when
he looked at her, as he frequently did, with undisguised contempt.
She
was wholly under his influence and was afraid of him, and one day,
while
he was playing with her dark curls, he said jeeringly:
"It
is usually said that contrasts usually attract each other, and yet
you are as
dark as I am."
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