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1870
L'Esprit des
oiseaux |
De uit het
nest gevallen huismus
En 1845, la
petite fille d'un fermier du département du Nord ramassa au pied
d'un mur un moineau encore sans plume, et qu'un accident avait,
comme il arrive que trop souvent, jeté à bas de son nid. La pauvre
bestiole se mourait de froid et de faim. L'entant la plaça dans son
sein, la réchauffa, l'apporta chez elle et la nourrit de pain
détrempé dans du lait, qu'elle lui présentait au bout d'une menue
baguette. Le moineau, d'abord, resta languissant ; mais à force de
soins sa bienfaitrice parvint à l'élever, et à lui donner de la
force et de la vigueur. Il finit même par devenir un beau mâle, à
la tête cendrée et aux joues bleuâtres ; un bandeau rouge brun
s'étendait de l'un de ses yeux à l'autre, en passant par l'occiput;
un cercle noir entourait ses yeux, et depuis son cou jusque sur ses
ailes et sur sa queue, miroitaient de charmantes nuances brunes et
grises d'un pourpre sombre ; enfin une plaque noire recouvrait sa
large poitrine, et faisait valoir la finesse et l'élégance de sa
taille.
L'oiseau ne
quittait point un instant sa maîtresse ; au logis, il se tenait
perché sur son épaule, ou bien il se réfugiait dans le giron de
la jeune fille, pour s'y endormir ; à table, il grimpait sur le
dossier de sa chaise, à l'affût des bribes de pain ou de légumes,
dont il se montrait fort friand ; la nuit, il se blottissait sous le
traversin du lit, et y dormait jusqu'à l'aube. Dès que la jeune
fermière s'éveillait, il sortait de sa retraite, caressait de son
gros bec noir et jaune les lèvres de l'enfant, se baignait dans la
cuvette où elle avait fait sa toilette, lissait ses plumes, et
venait ensuite prendre gaiement sa part du déjeuner. Sortait-elle,
il l'accompagnait, tantôt perché sur sa tète, tantôt volant
capricieusement de çà et de là, d'arbre en arbre, de buisson en
buisson, toujours en mouvement, toujours pétulant, toujours gai.
De huismus
verdwijnt, de papegaai verschijnt
Un beau
jour, il disparut, et je vous laisse à penser du chagrin qu'en
éprouva celle à qui il devait la vie, et pour laquelle il
professait tant d'affection. On
donna une perruche verte à la petite désolée,
et celle-ci, qui, de même que tous les autres enfants, se consolait
aussi vite qu'elle s'affligeait vivement, commençait à aimer
l'oiseau émeraude presque autant que le moineau, qu'elle accusait
de l'avoir délaissée en prenant la fuite, quand un matin elle
entendit de petits coups secs résonner vivement à ses vitres; elle
se hâta d'ouvrir, car c'était le moineau perdu qui l'appelait
ainsi.
De huismus
vermoordt de papegaai
Dépouillé
d'une partie de, et dont il ne voulait point s'éloigner, eut beau
l'appeler; il fit la sourde oreille, et ne répondit qu'en battant
les ailes avec colère et en ouvrant un bec menaçant.
Le
lendemain, la perruche succomba à une blessure grave
qu'elle avait reçue au crâne dans son combat avec son rival ; et
un domestique l'emporta à la ville voisine pour la faire empailler.
Quand il vit
passer le cadavre de celle qu'il haïssait tant, le moineau revint
à tire-d'aile chez sa maîtresse. Confus, repentant, il implora son
pardon par les caresses les plus tendres et les plus soumises, et il
fit tant et si bien, que, malgré le meurtre qu'il avait commis, il
finit par rentrer en grâce.
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De papegaai
wordt opgezet, en hoe de huismus daarop reageert
A quelque
temps de là, le naturaliste chargé de préparer la perruche la
renvoya à la ferme. On voulut voir comment le moineau se
comporterait en présence de la dépouille de sa rivale défunte, et
on la mit brusquement vis-à-vis de lui. D'abord il recula , se
gonfla et se rua sur elle ; mais presque aussitôt il recula
brusquement. Il avait reconnu qu'il n'avait point affaire à un
être vivant, mais à une peau bourrée, et il se retira honteux et
mécontent dans un coin de la ferme, où il bouda le reste de la
journée.
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In
de Jardin des Plantes
En
ce moment le cri d'un perroquet, et une main qui se posait sur mon
épaule, me tirèrent de ma rêverie
: c'était un de mes vieux amis, attaché aujourd'hui au Muséum et
qui a parcouru tous les pays du
monde.
«
Je vous y prends, me dit-il, vous êtes là en
extase devant un de mes perroquets ; cet oiseau, peut-être
ne le savez-vous pas, est un des oiseaux exotiques les plus
anciennement connus en Europe.
De
papegaai in de Middeleeuwen
«
En effet, au moyen âge, on voyait fréquemment dans les châteaux
et les manoirs des barons, deux oiseaux particulièrement
recherchés. Le premier était le perroquet.
«
D'après les tableaux et les gravures parvenus jusqu'à nous, le
perroquet semble avoir été connu des
Anglo-Saxons sous le nom de ragofine, mot dont la dernière
syllabe signifiait tout simplement un pinson ; les deux
premières syllabes, dont l'etymologie n'est pas bien certaine, se
retrouveraient peut-être dans le mot hrage (chèvre). On ne
voit pas d'abord bien clairement pourquoi le perroquet aurait reçu
le nom de chèvre-pinson; mais Turner Smith, savant peu connu
du xvme siècle, l'explique par les sauts et les bonds auxquels se
livre le pauvre oiseau captif ou attaché par la patte sur un
perchoir. En France on leur donnait le nom de papegaut.
«
Alexandre Denis, l'un de nos anciens
trouvères, appelle le perroquet « jongleur et ménestrel
des oiseaux,
» non à cause de la beauté de son chant, mais de son talent
mimique et de ses tours joyeux. Il parle aussi de sa malice et de sa
facilité à copier la voix de l'homme, en ajoutant qu'il est plus
intelligent et plus amusant que les jongleurs eux-mêmes.
Een
papegaai op kruistocht
«
De si brillantes qualités attirèrent naturellement sur ces oiseaux
une certaine auréole de superstition ; on croyait qu'en outre de
l'idiome par lequel les oiseaux s'entendent entre eux, et qui a
donné lieu à une foule de fables et de légendes, les perroquets
comprenaient aussi le langage de l'homme.
«
Un chevalier normand, dit Denis, possédait un perroquet qu'il
aimait passionnément, et qu'il lui fallut
quitter pour prendre la croix et aller guerroyer en terre sainte
contre les infidèles. Pendant qu'il
parcourait la Syrie, et qu'il se trouvait dans le voisinage du mont
Gelhoë, en Samarie, qu'on croyait
être la patrie primitive des papegauts, ce chevalier en rencontra
un parfaitement semblable au sien, et lui dit en badinant : « Mon
perroquet, qui est enfermé dans une cage et qui vous ressemble,
vous salue. »
«
A peine eut-il prononcé ces mots, qu'à sa grande stupéfaction
l'oiseau tomba comme mort sur la terre.
«
De retour en Normandie, le chevalier raconta cette aventure à ses
amis, près du perroquet enfermé dans la cage, et l'oiseau tomba
aussitôt privé de sentiment du haut de son bâton. Le chevalier,
effrayé, le sortit de sa cage pour essayer de le ranimer; mais
l'oiseau n'eut pas été plutôt posé sur le sol, qu'il se releva,
s'envola et ne revint plus.
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Jardin
des Plantes
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